Nous avons décidé d’aller découvrir l’une des contrées les plus retirées du globe : le nord du nord de la Norvège, bien au-delà du cercle polaire, sur l’archipel du Svalbard : le Spitzberg.
Petit (ou grand, c’est selon le point de vue d’où l’on se place) morceau de terre perdu au milieu de l’immensité de l’océan glacial arctique, dernière terre avant la banquise et le Pôle Nord, plus haut territoire “très peu habité” de l’hémisphère nord, refuge d’une biodiversité extraordinaire qui s’est adaptée à son milieu extrême et sauvage, bref, lieu de tous les superlatifs : Dépaysement garanti !!
Longyearbyen, le nom de cet endroit est un voyage en lui-même. Comment peut-on qualifier ce lieu ? Ville , village, capitale, base-vie : c’est en fait un peu tout à la fois.
Longyaerbyen est l’une des seules ville du Svalbard, la plus grande, 2000 habitants environ, un aéroport, 1 musée, 1 port, quelques hôtels et restaurants, un périmètre défini dans lequel on peut circuler à pieds si l’on veut et sans fusil.
Pour les autres zones pas de circulation sans fusil : ici on cohabite, plutôt bien, avec l’ours blanc.
Longyearbyen est une ville minière récente. Elle tire son nom de John Munro Longyear (1850-1922), homme d’affaires américain qui la créa en 1906 pour exploiter le charbon.
Les Norvégiens l’ont racheté ainsi que les mines en 1926. Jusque dans les année 60 seuls quelques centaines d’hommes ouvriers venaient exploiter les mines de charbon. Mais la vie était tellement dure que l’État norvégien a finalement autorisé le rapprochement familial, la ville s’est ainsi développée.
Longyearbyen possède également l’une des 2 réserves mondiales de graines et semences végétales, destinées à préserver toutes les graines et la diversité génétique végétale de la planète, la Svalbard globale frøhvelv.
Au mois de Mai, nous sommes en plein jour polaire ou soleil de minuit, le soleil ne se couche jamais, à cette latitude il ne descend même pas sur l’horizon. C’est spectaculaire.
Notre groupe de 12+2 guides (Ricardo et Laurent) a fait connaissance et c’est avec empressement que nous prenons pied sur le Polaris Expedition qui va être notre refuge pendant tout ce voyage.
Le Polaris Expedition est est un bateau de taille moyenne, très bien aménagé et adapté pour faire voyager des petits groupes. Tout confort, avec une 10aine de chambre et un équipage aux petits soins, notre prochaine semaine à la découverte du Grand Nord s’annonce sous les meilleurs hospices.
Il nous manque juste nos bagages qui ne sont pas arrivés à destination et que nous récupérons le lendemain, nous obligeant à une première nuit sur le bateau dans le port de Longyearbyen…
Bref, nous voilà enfin, tous réunis, bagages, skis, matos finalement récupérés, guides ayant aussi récupéré leur permis de port d’arme obligatoire et c’est le départ pour la première rando à skis…
Jour 2 : randonnée dans l’Isfjorden
Le bateau longe la longue Prins Karls Forland en remontant vers le nord et au réveil nous avons la chance pouvoir admirer un paysage somptueux et sauvage de désolation. Nous sommes vraiment loin de tout et tout petits.
La Prins Karls Forland est une île étroite qui s’étire tout en longueur devant la côte ouest du Spitzberg, entre l’Isfjord et le Kongsfjord. Elle a 86 km de long, entre 5 et 11 km de large. Elle doit son nom à Charles Ier (1600-1649), Prince de Galles et plus tard Roi d’Angleterre.
Arthur, le capitaine nous mène à proximité d’un troupeau de morses. Il vivent collés les uns aux autres, défenses en l’air pour éviter de se blesser. Ils se disputent néanmoins fréquemment s’infligeant de graves blessures qui cicatrises néanmoins plutôt bien étant donnée leur quantité de gras.
Globalement, on ne pourra pas dire que le temps aura été très clément avec nous… et cette première rando ne fait pas exception à la règle.
Nous partons tous plein d’espoir d’espérer voir le soleil au sommet, la vue est paraît-il superbe sur la mer. Mais le plafond nuageux est dense, il neige même, un vrai temps polaire… de printemps. tout est gris et blanc, il neige, la neige est excellente. Le groupe a bien fait connaissance grâce à nos 2 guides qui font tout pour nous faciliter la vie, c’est fort agréable. le groupe est très sympa.Cette première rando nous permet de nous tester, tout va bien, mais nous ne verrons donc pas le soleil…
À notre retour, le bateau appareille pour prendre le large et gagner l’océan arctique. Une bonne houle est en place… qui ne me réussit pas vraiment (mais je ne suis pas la seule dans ce cas). Un cachet pour le mal de mer me permet de sombrer dans une sieste salvatrice pendant quelques heures.
Nous naviguons toujours plus vers le nord, il est 1 heure du matin et le soleil ne se couche toujours pas. C’est notre premier soleil de minuit, ambiance incroyable.
Nous discutons tous sur le pont, sans voir le temps passer.
On déconnecte complètement!!
Jour 3 : Kongsfjorden
Pour cette nouvelle rando, le soleil est au rendez-vous, au moins pour le départ. Le temps est parfait, la vue est merveilleuse. En bateau nous nous sommes enfoncés au plus loin du fjord. Le Kongsfjord, autrefois Kingsbay, en français la « Baie du Roi » se trouve par 79°N sur la côte ouest du Spitzberg. Le bruit des morceaux de glace qui cognent sur la coque est impressionnant. Nous voyons déjà le début de notre course du jour.
Nous nous préparons à embarquer sur l’annexe, en tenue de ski complète et gilet de sauvetage, les automatismes se sont bien mis en place. Les guides sont déjà partis… la fleur au fusil pour vérifier que la plage n’est pas occupée par l’ours blanc… prédateur de l’homme!!
En règle générale, l’ours blanc n’est pas présent à cette époque de l’année sur la côte ouest du Spitzberg, mais sait-on jamais. Et le Spitzberg est une réserve naturelle dans laquelle ce mammifère est très protégé. Il faut donc obligatoirement se déplacer en groupe, 2 personnes armées d’un fusil avec permis de l’utiliser, vérifier qu’il n’y pas d’ours à l’horizon et le cas échéant, changer d’itinéraire. Nous devons à tout prix éviter de les déranger, nous ne sommes pas, pour une fois, l’espèce dominante et privilégiée dans cet endroit totalement sauvage et à préserver.
Bref, aujourd’hui pas de famille ours en vue, on peut donc profiter pleinement des lieux, du soleil et de le fine couche de poudreuse récemment tombée. Nous partons tous très motivés et pleinement heureux de la journée qui nous attend.
Notre ascension se déroule donc sous les meilleurs hospices, nous quittons le bord de mer skis aux pieds et prenons rapidement de l’altitude, quelques pauses pour enlever une couche de vêtement, prendre un verre de thé, admirer le paysage qui nous entoure. Nous arrivons au sommet, mais le temps à déjà un peu changé, c’est le jour blanc qui nous accueille, les guides testent la pente et décident de nous faire descendre d’un peu bas.
Nous retournons sur nos pas et enchainons les premiers virages sans trop voir la pente. La visibilité revient en même temps que nous remettons les peaux pour remonter à un col. Le groupe se scinde en 2 pour certains qui veulent remonter un petit sommet… avec une très belle vue … la cerise sur le gateau.
Retour au col, pour basculer ensuite sur le glacier du 14 juillet. Ce glacier a été découvert par Albert Ier de Monaco en 1906 et nommé ainsi en l’honneur de la fête nationale française. La descente est super, longue, petite neige vierge, entouré de falaises dans lesquelles nichent des milliers d’oiseaux marins qui nidifient et volent en “escadron” en criant et sifflant sans cesse, comme des crécelles et ce, 24 heures sur 24.
Nous poursuivons notre longue descente sur le glacier avant de prendre pied sur une plage ou nous attendent les zodiacs, prévenus de notre arrivée. Nous admirons le front du glacier, gigantesque qui tombe directement dans la mer. Journée magique…