La traversée des Perrons est une très belle course de rocher en arête, de niveau AD. C’est une classique qui avait un peu été oubliée et qui depuis quelques années a très justement retrouvé de l’intérêt et de sa superbe.
On passe son temps à cheminer sur la frontière franco-suisse, avec d’un côté une vue imprenable sur les lacs d’Émosson et de l’autre les sommets majestueux du massif du Mont-Blanc.
Cette course jamais très difficile nécessite néanmoins un pied sûr et une bonne maîtrise des manips de cordes et de l’escalade en grosses : un plaisir pour le sport et pour les yeux !
2 heures d’approche
Cette année, l’été de canicule nous oblige à faire des choix : la haute montagne est belle et bien finie depuis la mi-juillet. Trop chaud, pas de regel, des ponts de neige trop fins, le permafrost qui fond et entraine des chutes de de glace et de pierres… la montagne est vraiment trop dangereuse.
Nous avons également besoin de nous remettre le pied à l’étrier, de nous remotiver et de nous convaincre qu’on a encore la capacité à prendre du plaisir et de la confiance dans des efforts longs qui apportent satisfaction tant dans la performance que dans l’esthétique.
Nous commençons donc par une montée de 2 heures depuis le nouveau barrage d’Émosson, en direction de la brèche qui sépare les 2 pointes du Van. C’est une bonne petite approche qui met bien en jambes, mais la vue est superbe. Le soleil est déjà levé, mais la lumière du matin sur les sommets encore un peu brumeux et sur le lac est digne d’une description de Samivel. Tout est parfaitement en place dans cet écrin.
Il fait déjà chaud, mais un petit vent frais d’altitude maintient la température. Un groupe de vautours tourne au dessus de nos têtes. C’est l’occasion pour une cordée, également dans la voie, de nous expliquer qu’il ne peut s’agir d’aigles qui ne volent pas en groupe et dont les rémiges sont différentes. Nous espérons que ces vautours ne traquent pas ce petit chamois un peu seul que nous venons de croiser. Cela ne semble pas être le cas…
La succession de pas d’escalade et de vires herbeuses mènent d’abord au sommet du Grand Perron. On alterne avec des points de vue sur la vallée de Cham et sur les sommets qui surplombent le lac d’Émosson. C’est beau de chez beau.
Puis quelques pas rapides pour la descente du Grand Perron, suivis de 3 petits rappels qui nous posent à une brèche au pied de la pointe Vouilloz. L’escalade devient alors un peu plus dure et plus aérienne d’abord 2 longueurs en 3 puis une balade sur le fil de l’arête. Magnifique !
Nous nous engageons donc sur une mini sente peu marquée mais évidente. et finalement l’itinéraire déroule bien et nous avançons assez vite en corde tendue.
La vue est superbe sur le lac d’Émosson dans son écrin de verdure tout en fleurs de montagne à cette époque de l’année.
Arrivée au sommet de la pointe Vuilloz
Le cheminement sur cette arrête qui se trouve cheval sur la frontière franco-suisse se fait sans encombre. On traverse ensuite un passage qui s’appelle la “Crête de Coq” . Le profil caractéristique de la montagne à cet endroit ressemble effectivement à cette partie dentelée de la tête d’un coq, puis il plonge littéralement plein nord : on a vraiment l’impression que la montagne s’arrête là.
Quand on a bien lu le topo, pas de panique, on sait que l’on doit tomber sur le départ de 2 longs rappels en face nord de la montagne, qui nous posent à nouveau au pied d’une brèche : celle de la pointe de l’Ifala.
Montée au sommet de l’Ifala, sommet final puis descente
L’escalade de l’Ifala est le crux de la course, un peu plus délicat que le reste : un 4b/c en grosses. Fix est en tête dans son élément. Mis à part le bouchon qui se créé avec les quelques cordées qui attendent patiemment : les premiers font grimper les seconds, certains préfèrent enchainer les 2 longueurs, d’autres mettent plus de temps à s’assurer…
Bref, après quelques temps et encore quelques pas de traversée nous voilà arrivés au sommet final.
Vue splendide, temps de rêve, quelques photos, déséquipement et rangement d’une partie du matos, sandwich avalé en vitesse (on a faim !!) et nous regardons l’itinéraire de descente.
L’itinéraire descend ensuite, dans un cadre superbe, vers des petits lacs de montagne sauvages à souhait et enchanteurs… dans un cadre verdoyant et une tempête de ciel bleu.
Extraordinaire, nous nous arrêtons pour nous tremper les pieds et faire une pause bien méritée, mais au final c’est une vraie baignade dans l’eau pure et fraiche que nous nous offrons. La cerise sur le gâteau.
Nous repartons et poursuivons notre descente en passant par les gorges de le Veudale et retrouvons le chemin du lac d’Émosson. La boucle est bouclée.